Et si... petite réécriture de vie
Publié le 8 Décembre 2012
Et si... j'avais sérieusement tenté de passer le concours de professeur des écoles en licence 3?
Je l'aurais réussi. J'aurais été nommée dans le Finistère. J'aurais passé mon permis dans un bled paumé et je l'aurais eu. Un jour, à l'espace culturel de Quimper, j'aurais malencontreusement fait tomber la pile de livres d'un joli garçon. Me confondant en excuses, j'aurais remarqué ses goûts parfaits en matière de littérature, un auteur français, un auteur anglais en anglais, quelque chose de drôle et intelligent à la fois, et un livre d'analyse du cinéma. Il m'aurait trouvé drôle, à m'excuser encore et encore et m'aurait proposé un café.
J'y serais allée toute stressée, passant un bout de temps avec mes copines pour trouver la tenue parfaite. Nous nous serions retrouvés au café des Arts, et nous aurions discuté, encore et encore, et un an plus tard, nous aurions enménagé dans un appartement à Kerfeunteun. J'aurais essayé d'avoir ma mutation pour Quimper sans succès, mais au moins j'aurais été heureuse.
Julien (oui, c'est son nom) aurait été patient et adorable pendant que je gérais mes difficultés familiales, et maman l'aurait adoré. Yohann aurait vu en lui un grand frère et aurait passé pas mal de temps à la maison.
Un jour, j'aurais découvert que j'étais enceinte et j'aurais été la plus heureuse du monde. Morgane et moi nous serions rapprochées grâce à la grossesse. J'aurais fait un festival de Cornouaille light, cette année là. Et puis ma petite fille serait née, quelques courts mois avant Weltaz. Elle aurait été entourée de tout l'amour du monde entre Yohann, trop fier d'être tonton, Morgane, ses grands parents, et surtout mes, nos supers amis.Et heureusement, parce que j'aurais vraiment eu peur de me planter avec elle, peur de lui faire vivre ce que j'avais vécu sans le vouloir, peur de lui transmettre mon mal être.
Quelque part entre le baptème de la petite (Yohann parrain, Sushma et une amie de Julien marraines) et ses un an, Julien et moi aurions décidé qu'il était temps que l'instit' devienne enfin vraiment "Madame", et nous nous serions mariés dans cette église que j'adore, Saint Alor. Yohann serait mort peu de temps après. Ca, c'est de l'inéluctable, je ne peux pas faire sans. Mais nous aurions continué à avancer, et alors que Morgane et Yannick s'installaient durablement dans le Sud, Julien et moi découvrions que nous serions bientôt encore parents. Nous nous apprêterions à passer un Noël difficile mais heureux, car chut, personne ne sait encore que le bébé N°2 est en route.